Un énorme coup de coeur pour cette formidable histoire d’une famille de fermiers texans du début du 20ème siècle, avec au centre du récit, Karel, le cadet de la famille.
Les Skala forment un clan, dirigé d’une main devenue tyrannique depuis le décès de son épouse par le père. L’unité de la famille finit par voler en éclat jusqu’au jour où, bien plus tard, les quatre fils auront fini d’oublier la réalité des liens du sang.
On ne parle bien que de ce que l’on connaît. C’est avec un plaisir évident que Bruce Machart, lui-même fils d’un fermier texan, retrouve les campagnes de son enfance. Son écriture, intelligente et flamboyante, magnifie à la perfection l’amour de la terre et la vie, à la fois simple et complexe, qui s’y rattache.
Un grand nom de la littérature est né.

Que devient l'amour entre deux êtres qui ont choisi de s'unir dans le mariage? C'est cette question que pose ce roman.
L'intensité des premiers instants amoureux semble n'être qu'un leurre que les amants du début cherchent vainement à retrouver.
Et pourtant, pour Nemirovsky, l'essentiel est ailleurs: le mariage transforme, certes, l'amour en une indéfectible amitié mais sa force permet aux deux de ne plus faire qu'un, comme deux fleuves qui se rejoignent pour mieux se fondre l'un dans l'autre. Naît alors un vrai sentiment d'invincibilité qui apportera un bonheur durable et serein.
Oeuvre magnifique et formidablement intemporelle. Peut-être l'une des plus abouties d'Irène Nemirovsky, écrite d'une plume classique et parfaitement maîtrisée.

Psychologue pour enfants, Devlin a la quarantaine désabusée. Passionné de taekwondo, il décide d'ouvrir une école dans l'un des quartiers défavorisés de Baltimore.
Trig, jeune chef de bande, noir comme tous ceux de son quartier, et petit délinquant voit avec inquiétude l'intrusion de ce blanc dans son territoire.
Tous deux ignorent que cet instant scellera leur destin.
Formidable roman sur la rencontre de deux êtres que tout oppose et qui apprendront à s'échanger les clés de la connaissance et du respect, quel qu'en soit le prix.
Avec son écriture précise, directe et parfaitement maîtrisée, Madison Smart Bell s'impose comme l'un des grands noms de la littérature américaine.

Lorsque le jeune Thanh décide de quitter sa famille et sa maison, il emporte avec lui tout son dépit, sa colère, mais aussi ses rêves d’indépendance et son désir de liberté. La réalité de la vie l’attendra à chaque étape.
Dans son dernier opus, Duong Thu Huong nous convie à un nouveau voyage dans son Vietnam natal. La guerre et la révolution font désormais partie de l’histoire. Deux générations se sont succédées au rythme de la modernité naissante et de la tradition toujours présente.
Quelle place et quel avenir pour les jeunes dans cette société ? C’est cette interrogation qui est au centre de ce roman dans lequel l'incommunicabilité entre générations prend tout son sens.
L’écriture de Duong Thu Huong est toujours très fine et très imagée. Son style, tout en retenue mais redoutablement efficace, magnifie la beauté et la richesse de l’âme vietnamienne.
A conseiller absolument.

Svoboda propulse le lecteur sur les fronts fangeux et gorgées de sang de la fin de la Première Guerre mondiale. Jaroslav Chveïk est un écrivain tchèque que les circonstances ont transformé en soldat. Dans une Europe en pleine déliquescence, notre soldat écrivain ne sait plus très bien pour quelle patrie il se bat. Son régiment, entièrement composé de compatriotes, a envoyé paître l’empereur austro-hongrois pour se donner à la Russie tsariste. La révolution éclate. La Russie signe la paix. Le chaos s’installe. Les Tchèques ne savent plus où aller. Un train les emmène, lui Jaroslav Chveïk, et ses camarades déboussolés. Ils roulent vers Vladivostok où un bateau doit les ramener en Europe… et sur le front où la guerre n’en a pas fini avec eux. Tous ont hâte de rentrer. Mais les aléas de l’Histoire leur réservent encore quelques surprises…

Par certains aspects, Svoboda rappelle Le Mors aux dents de Vladimir Pozner ou l’œuvre d’Isaac Babel. Les péripéties de ces Tchèques ballottés par les tumultes de la guerre renvoient ironiquement à ce continent européen en train de se perdre par lâcheté et par bêtise. L’album s’inscrit tout autant dans un récit d’aventures que dans cette littérature typique de l’Europe centrale, que le nazisme puis le stalinisme sont sur le point de détruire aussi sûrement que les communautés juives dont elle est souvent issue.

Yoann D.